4 août 2009

le tour de la Martinique des yoles rondes

La semaine dernière s’est déroulé le 25ème tour de la Martinique des yoles rondes.
Il s’agit d’un évènement sportif qui est devenu au fil des années incontournable et vraiment très populaire en Martinique d’autant qu’il n’existe nulle part ailleurs.
En effet, les yoles rondes sont des embarcations à voile traditionnelles à l’origine utilisées par les pêcheurs mais ici conçues et affûtées pour la régate.

Un peu d’histoire (et de géographie)…
La Martinique est une ile des Antilles bercée par les alizés qui sont des vents soufflant depuis l’Atlantique c’est à dire venant du secteur Est. On peut dire que 95% de l’année, le vent vient de ce secteur, du Nord-Est au Sud-Est. Par conséquent, la Martinique comme d’ailleurs les autres îles de l’arc Antillais possède une côte au vent (la côte Est) et une côte sous le vent (la côte Ouest). La côte au vent est donc plus sauvage et exposée au vent et à la houle tandis que la côte sous le vent est protégée.
Mais, bien sûr il y a des pêcheurs des deux côtés. Et, traditionnellement les pêcheurs de la côte au vent utilisaient des embarcations en bois nommées yoles rondes qui ressemblent à des baleinières tandis que sur la côte sous le vent, les embarcations des pêcheurs étaient plutôt des gommiers qui tirent leur nom de l’arbre dans lequel ils ont été taillés. Car les gommiers ont la particularité d’être fouillés dans le tronc d’un arbre, digne héritage des pirogues des « indiens » arawaks et caraîbes qui peuplaient autrefois ces îles.

Aujourd’hui, les pêcheurs utilisent toujours ces mêmes embarcations même si elles sont souvent maintenant en polyester et propulsérs bien sûr par de gros moteurs hors-bords. Il est révolu le temps de l’aviron et de la voile.

Révolu ? Pas tout à fais puisque quelques passionnés ont remis au goût du jour il y a 3 ou 4 décennies les anciennes régates que se livraient parfois jadis les pêcheurs.
Or donc, la côte sous le vent a vu l’organisation d’un championnat des gommiers tandis que la côte au vent, celui des yoles rondes. Et, il n’y a pas beaucoup de dimanche dans l’année qui ne voit pas dans telle ou telle commune qui une manche du championnat des gommiers, qui une de celui des yoles rondes.

Mais, il faut bien dire que la yole ronde est plus populaire que le gommier au grand dam de celui-ci d’ailleurs. Et, depuis 1985 se déroule chaque année le tour de la Martinique des yoles rondes. 18 yoles au départ, un prologue le dernier dimanche de juillet puis 7 étapes autour de l’île les 7 jours suivant. Et, c’est devenu une véritable institution. Il suffit de taper yole ronde sur google pour s’en rendre compte.

Et, c’est vrai que le spectacle mérite le détour ! Voici quelques photos pour en juger :)

La yole ronde est une embarcation en bois de 10,50 m de long sans quille ni dérive. Pour l’équilibrer, les équipiers font du rappel au moyen de longs bouts de bois, les bois dressés, comme on le voit sur la photo. C’est très sportif. A chaque virement de bord, il faut déplacer son bois dressé sur l’autre bord !
Les équipages étant de plus en plus entrainés et affutés, les voiles sont de plus en plus grandes.

Une autre des particularités de la yole ronde est la façon dont elle est dirigée. Il faut pas moins de 3 hommes, dont le patron, pour manier une longue pagaie en bois qui permet  de contrôler la direction mais aussi de godiller quand le vent diminue et que la voile ne suffit plus à avancer suffisamment vite. La aussi, il vaut mieux être solide !

Cette année, une fois encore le tour a été très disputé mais a finalement vu la victoire de la yole Joseph Cottrel seulement 17 secondes au classement général devant le second UFR !
17 secondes !
17h 29mn 48s pour le premier et 17h 30 mn 05s pour le second en temps cumulés après une semaine de course !!!

Joseph Cottrel – Optika (vainqueur du tour 2009) et Mirsa – Dr Roots bord à bord

Il existe maintenant une jauge qui fixe les règles de construction des yoles et de leur voilure afin d’avoir une flotille la plus homogène possible en limitant entre autres la course à l’armement et donc les prix de revient.
Malgré tout, la yole est devenue un sport de haut niveau qui nécessite beaucoup d’entrainement et une saison coûte relativement chère.
Les yoles sont donc sponsorisées ce qui explique leurs noms pas très poétiques et les logos sur leurs voiles. Faut bien trouver l’argent quelque part nespa ?

Joseph Cottrel – Optika (vainqueur du tour 2009) et GFA Caribes – Digicel bord à bord

4 commentaires

  1. dégie dit :

    Tu étais sur l’eau, toi aussi, à en juger par les photos prises…

  2. steric dit :

    Non malheureusement.
    (quoique vu le monde qu’il y avait sur l’eau, je ne suis pas sûr de regretter de ne pas y avoir été).
    J’étais en un point de la côte où les yoles passaient tout près. Et puis, j’ai un zoom puissant :)

  3. jaco dit :

    belles photos, ça a l’air sportif !

  4. steric dit :

    absolument !

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